Covid-19 & artemisia annua : Madagascar et l'OMS testent un traitement injectable
L’artemisia annua n'a pas fini de faire parler d'elle. Cette plante herbacée aux propriétés anti-paludiques reconnues est utilisée dans la médecine chinoise contre les fièvres depuis des millénaires. A Madagascar, la plante est l'ingrédient principal d'un breuvage, élaboré sous le nom de « Covid Organics ». Andry Rajoelina l’a présentée comme une panacée africaine susceptible de stopper la pandémie meurtrière de Covid-19 et il vient de signer un accord de confidentialité avec l'OMS pour poursuivre les tests autour d'une solution injectable.
Persuadé comme il l’a dit de pouvoir « changer l’histoire », le chef de l’État malgache a largement distribué le Covid Organics, son breuvage à base d’artemisia, à sa population puis sur le continent. La Guinée Équatoriale, le Niger, la Tanzanie ou les Comores, par exemple, ont accepté avec enthousiasme quelques cartons de cette tisane, pour l’administrer aussitôt à leurs malades infectés par le virus. Signe du vif intérêt suscité par ce potentiel remède « local », le président bissau-guinéen Umaro Sissoco Embalo s’est lui-même déplacé à l’aéroport pour réceptionner les précieux colis. Sauf que l'OMS ne l'a pas vu d'un bon oeil (lire notre article sur le bras de fer entre l'OMS et Madagascar), l'organisme y est déjà opposée dans la lutte contre le paludisme malgré des résultats spectaculaires.
◆ L'OMS contre l'artémisia
Face à l'engouement suscité par ce remède dans certains pays africains, l'OMS a appelé le 4 mai dernier à la prudence, et surtout à la réalisation d’essais cliniques pour en démontrer, ou non, l'efficacité. Vieille stratégie déjà utilisée dans le cadre de la lutte contre l'épidémie de paludisme (lire notre article "Artemisia, notre santé contre celle de Big Pharma" dans NEXUS n°119), l'OMS semble tentée de ralentir encore une fois l'usage de cette plante aux multiples applications.
◆ Des tests falsifiés par l'Institut Pasteur ?
S'en est suivi l'épisode des données largement exagérées par l’Institut Pasteur de Madagascar (IPM) qui annonçait, le 6 mai, dans son décompte quotidien, un nombre anormalement élevé de cas positifs au COVID-19 : 67, contre 4 ou 5 d’ordinaire. Une nouvelle qui a fait l'effet d'un coup de tonnerre au sein du pays. Le gouvernement malgache décide alors de refaire les prélèvements et de les faire analyser à nouveau par l’IPM et le Centre d’infectiologie Charles-Mérieux (CICM). En parallèle, l’exécutif mène sa propre enquête, au terme de laquelle « les éléments de réponse fournis par l’IPM n’ont pas permis d’élucider les interrogations légitimes des autorités », est-il écrit dans un communiqué publié mercredi 13 mai. André Spiegel, directeur de l’IPM, a reconnu des failles et a accepté de lancer une enquête interne. « Lors de notre enquête en interne, nous avons trouvé un échantillon très chargé viralement. On ne peut pas écarter l’hypothèse qu’on ait eu des faux positifs liés à ce cas " anormalement " positif, qui aurait contaminé certaines de nos manipulations. Le ministère de la santé, de son côté, a enquêté sur la phase pré-analyse [conditions des prélèvements, de leur transport et de leur arrivée au laboratoire], mais nous ne connaissons pas ses conclusions. »
◆ L'OMS signe un accord de confidentialité avec Madagascar
Les mises en garde de l'OMS couplées au tests falsifiés par l'IPM ont suscité l'indignation du président malgache Andry Rajoelina. « Le problème, c’est que cela vient d’Afrique. Et on ne peut pas accepter qu’un pays comme Madagascar, qui est le 163e pays le plus pauvre du monde, ait mis en place cette formule pour sauver le monde », accusait-il dans une interview à France 24 et RFI le 11 mai. Sa détermination a finit par payer et Madagascar et l’OMS sont parvenus à un accord. En échange de la signature d’un accord de confidentialité sur la formule du Covid Organics, l’OMS apportera son soutien aux essais cliniques. "Même si on est au courant de la composition (du Covid-Organics, ndlr), on ne pourra la publier qu'avec l'autorisation de Madagascar. On travaillera avec eux en toute confidentialité jusqu'à l'autorisation de la publication du contenu de ce médicament", a souligné M. Yao, responsable des opérations d’urgence de l’OMS Afrique.
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◆ De l'infusion à la solution injectable ?
Andry Rajoelina a annoncé le lancement officiel de ces tests le 27 mai. Mais il n'est pas question uniquement d'infusion mais d'une solution injectable : « À Madagascar, nous avons le feu vert pour démarrer les essais cliniques. C’est une étape importante. Lorsque nous aurons fini, nous en ferons part au monde entier », déclare-t-il, « je suis certain que lorsque nous utiliserons cette formule injectable, même les patients qui présentent des formes graves seront complètement rétablis ». Le chef de l’État a fixé à un mois la publication des premiers résultats. Les essais ont débuté à Antananarivo et Toamasina. Un changement de stratégie avec l'OMS qui pose néanmoins question tant l'opposition de l'organisation mondiale contre l'artemisia a été forte par le passé et tant elle a manifesté son intérêt pour la recherche coûte que coûte d'un vaccin.
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