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  • 08 septembre 2024
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Expérimentation de diète énergétique forcée dans le Puy-de-Dôme : merci Linky !

Expérimentation de diète énergétique forcée dans le Puy-de-Dôme : merci Linky !

Le premier test d’Enedis sur la limitation de la puissance électrique dans les foyers aura lieu dans le Puy-de-Dôme. Si elle est concluante, cette pratique pourra être généralisée sur l’ensemble du territoire afin, nous dit-on, d’éviter les coupures de courant en cas de forte tension sur la production d’électricité. Une opération rendue possible « grâce » aux compteurs Linky et qui ne va pas sans poser question, sur le fond comme sur la forme.

Un minimum de 3 kVA pour 200 000 foyers

C’est désormais validé par un arrêté suivi d’un décret, tous deux publiés le 30 décembre 2023 : le Puy-de-Dôme aura l’honneur d’être le département où sera expérimentée la limitation de puissance électrique pour les particuliers. L’opération sera effective à une date encore indéterminée, mais entre le 12 février et le 31 mars 2024, indique la préfecture du Puy-de-Dôme. Elle concernera 200 000 foyers.

Les « chanceux » verront leur puissance électrique réduite pendant deux heures consécutives, un jour de semaine, à 3 kilovoltampères (kVA), soit la puissance correspondant habituellement aux besoins d’un studio. Un minimum permettant toutefois de « faire fonctionner les équipements courants peu énergivores (réfrigérateur, congélateur, recharge d’un téléphone, connexion internet…), ainsi que les éventuels équipements médicaux installés à domicile », rassure la préfecture du 63.

Le droit de refuser

Heureusement, il ne s’agit pour l’instant que d’une expérimentation et ceux qui ne veulent pas y participer ont le droit de le faire, à condition de signaler leur refus auprès d’Enedis avant le 29 janvier 2024, toujours selon le site de la préfecture. Il serait amusant que la plupart des clients concernés refusent…

Pour appâter les bonnes volontés, il est néanmoins prévu 10 € de compensation pour ceux qui voudront bien se prêter au « jeu ». Quelle aubaine (!), quand on sait que le prix de la facture pourrait augmenter encore de 130 € cette année…

L’autre visage du Linky

Si elle réussit, cette expérimentation est évidemment vouée à devenir une pratique autorisée sur tout le territoire, pour éviter des coupures de courant plus ou moins généralisées en cas de tension sur la production d’électricité. Une diète énergétique rendue désormais possible grâce aux fameux compteurs communicants Linky, dont on nous a vanté les mérites pour mieux gérer sa consommation énergétique. On voit aujourd’hui qu’il va surtout servir à une « limitation forcée de la consommation d’électricité », comme la dénomme Nadia Antonin, économiste et membre de l’Académie des sciences commerciales, dans un article paru sur le site de l’Association nationale des docteurs ès sciences économiques et en sciences de gestion (Andese).

Une méthode « un peu soviétique »

Très remontée contre ce projet, l’économiste avance plusieurs arguments pour fonder sa critique et souligne, en premier lieu, que « le décret a été préparé sans associer les représentants des consommateurs et les fournisseurs », certains d’entre eux allant jusqu’à dénoncer, selon elle, une méthode « un peu soviétique ».

Nadia Antonin rappelle par ailleurs « l’aversion d’une bonne partie des usagers envers le compteur Linky ». Il faut dire qu’Enedis a un peu forcé la main à tout le monde pour imposer son « joujou » connecté dans quasiment tous les foyers de France, bon gré mal gré. Et les derniers réfractaires le payent au prix fort, comme nous l’expliquions dans un article précédent.

« Big Brother à la maison »

Outre le problème sanitaire lié aux ondes émises par l’appareil, l’autre menace du compteur Linky est celle d’avoir une sorte de « Big Brother à la maison », qui sait tout de notre présence et de notre activité en fonction des données recueillies, mais qui peut aussi, dans l’autre sens, décider de réduire ou de couper notre approvisionnement en électricité, comme on le voit aujourd’hui. Les raisons invoquées pour appliquer ce type de mesures (si on les accepte) pourront être variables à l’infini, même si le gouvernement se retranche pour le moment derrière des raisons en apparence rationnelles, telles que le risque de black-out électrique.

Le risque que le compteur disjoncte à répétition

Pour l’heure, Nadia Antonin s’attache à des critiques pragmatiques, également valables, si les limitations de puissance électrique venaient à être une pratique généralisée. Par exemple, quid du risque de voir le compteur disjoncter ? « Si la puissance fournie est trop faible pour faire fonctionner des appareils en même temps, il y a un risque de voir son compteur disjoncter à maintes reprises et partant, d’avoir son alimentation électrique coupée. Si cette situation se produisait, le gouvernement ne prévoit ni recours ni indemnisation possible par l’État. Par ailleurs, qu’en est-il des dommages causés par une sous-tension électrique, par des micro-coupures répétées concernant les appareils ménagers et autres ? » interroge l’économiste.

Un moyen de masquer l’inflation énergétique ?

Nadia Antonin souligne aussi le caractère inégalitaire du dispositif. En effet, les sans-Linky y échapperont, tandis que les autres y seront soumis.

Autre question pertinente : la réduction de la puissance électrique va-t-elle servir à masquer l’inflation énergétique ? « La stratégie qui consisterait à limiter la puissance électrique fournie pour rendre les factures des particuliers moins douloureuses nous fait penser à une technique apparue en 2008 en France appelée la “réduflation” ou “shrinkflation” », note l’économiste. Cette pratique commerciale consiste à diminuer la quantité de produit dans son emballage, afin d’éviter ou de limiter une augmentation du prix unitaire de celui-ci, masquant ainsi l’augmentation du prix au kilo ou au litre.

Une volonté politique contradictoire

Enfin, Nadia Antonin s’interroge sur ce qui constitue pour elle une antinomie : « D’un côté, nous assistons à une volonté d’accélération du numérique, allant de pair avec une très forte augmentation de la consommation énergétique, mais d’un autre côté, nous déplorons une politique de restriction de la production d’électricité d’origine nucléaire. » Et ce serait donc à nous, consommateurs, de faire une fois de plus les frais de décisions politiques que l’on pourrait qualifier d’aberrantes.

Article par Alexandra Joutel

(Image par Colin Behrens de Pixabay)

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