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  • 21 novembre 2024
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Hydroxychloroquine : un LancetGate bis ?

Hydroxychloroquine : un LancetGate bis ?

La guerre contre l’hydroxychloroquine n’est pas finie. On se souvient de l’étude foireuse du Lancet, parue le 22 mai 2020 et rétractée 13 jours plus tard, dont le seul but était visiblement de torpiller, vite fait mal fait, la « potion miracle du Pr Raoult » contre la Covid. Voici aujourd’hui l’étude d’une équipe du CHU de Lyon, publiée le 2 janvier et affirmant que l’hydroxychloroquine serait responsable de près de 17 000 morts en 2020. Foireuse, elle aussi ?

Une méta-analyse rétrospective portant sur 44 études

On pouvait croire le sujet enterré, mais non. L’hydroxychloroquine continue de faire parler d’elle et d’être la cible de détracteurs acharnés. Derniers en date : des chercheurs du CHU de Lyon, qui ont publié un article ce 2 janvier dans la revue Biomedicine & Pharmacotherapy. Il s’agit d’une méta-analyse rétrospective portant sur 44 études et démontrant que l’antibiotique promu par le Pr Raoult pour soigner les malades de la Covid serait, en fait, responsable de la mort de 16 990 personnes dans six pays (France, Belgique, Espagne, Italie, Turquie, États-Unis), lors de la première vague de l’épidémie, entre mars et juillet 2020.

Mais, à peine parue, cette étude très relayée par les grands médias suscite à nouveau le débat, donnant une impression de « déjà vécu » à ceux qui se souviennent de l’affaire du LancetGate.

Les doses administrées étaient trop fortes, insiste le Pr Raoult

L’un des premiers à réagir a évidemment été le Pr Raoult. Le 5 janvier sur CNews, il s’est montré agacé par l’empressement des médias à relayer sans esprit critique des études qu’il juge « fantasques » et « délirantes ». Il a également rappelé que dans l’essai clinique anglais Recovery, considéré comme une référence mondiale et utilisé par les chercheurs lyonnais dans leur méta-analyse, « les praticiens donnaient le premier jour 2,4 g d’hydroxychloroquine » aux personnes hospitalisées. Une dose beaucoup trop forte et toxique. « Ça fait trente ans que j’utilise l’hydroxychloroquine pour un certain nombre de maladies infectieuses à 600 mg/jour, jamais à 2,4 g. Je ne sais pas ce qui leur a pris », a commenté l’ancien directeur de l’IHU Méditerranée Infection, avant de réaffirmer sa conviction que toute cette affaire n’est pas de la science, mais « une histoire politique ».

 

 

Accéder aux programmes et aux données brutes pour les vérifier

De leur côté, trois membres du Conseil scientifique indépendant(l’informaticienne Emmanuelle Darles, le mathématicien Vincent Pavan et le statisticien Pierre Chaillot) ont fait savoir sur X (ex-Twitter) qu’ils avaient demandé officiellement l’accès au programme informatique de modélisation et aux données brutes de l’étude, afin de les vérifier. Seront-ils exaucés, sachant que cette demande est tout à fait légitime de la part de chercheurs ?

« Un ramassis d’inepties » selon le Dr Colignon en Belgique

En Belgique, le chirurgien vasculaire Alain Colignon s’est fendu d’une lettreassez cinglante, adressée directement à son confrère de Lyon responsable de l’étude, le Pr Jean-Christophe Lega. « Étant donné que je suis belge, j’ai été interpellé par les chiffres que vous avez recueillis pour mon pays », souligne-t-il dans son courrier, avant de lister différentes anomalies, dont des extrapolations de données « simplistes » ou « grossières » « qu’on ne pardonnerait pas à un mauvais étudiant en médecine » et aboutissant à un nombre de patients traités « nécessairement faux par excès ».

À l’instar du Pr Raoult, le Dr Colignon rappelle également les doses excessives d’hydroxychloroquine administrées dans certaines études : « Déterminer l’ODDS ratio sur base d’études où des doses mortelles d’hydroxychloroquine (2 400 mg/jour) ont été administrées – ce que vous admettez dans votre étude – et appliquer cet ODDS incongru à une étude où les doses utilisées sont 4 à 6 fois moins élevées est un mélange de genres indigne d’un scientifique. »

Et le médecin belge de conclure : « Votre analyse est un ramassis d’inepties qui déshonorent notre profession et qui ne peuvent trouver leur source que dans l’incompétence ou la malhonnêteté. »

Des erreurs de chiffres déjà débunkées en juillet

Toujours en Belgique, le média citoyen BAM! avait déjà débunké en juillet 2023 les chiffres présentés un mois plus tôt par le même Pr Lega, lors du congrès annuel de la Société française de pharmacologie et thérapeutique. Le modélisateur lyonnais annonçait alors 16 141 décès dus à l’hydroxychloroquine dans les six pays étudiés. Plus de 800 sont apparus depuis… Étrange.

Dans leur démontage des chiffres belges moulinés par le chercheur français, les rédacteurs de BAM! notaient plusieurs énormités, à commencer par celle-ci, également relevée par le Dr Colignon : « Pour connaître le taux de prescription de l’hydroxychloroquine, les auteurs utilisent l’étude belge qui a été publiée par Sciensano. Dans cette étude qui concerne 8 910 patients, on peut lire que 51 % d’entre eux ont reçu l’hydroxychloroquine, soit 4 542 patients. Mais la modélisation applique ce taux de prescription de 51 % à tous les patients hospitalisés en Belgique durant la période étudiée. […] En appliquant erronément ce taux de prescription de l’hydroxychloroquine de 51 % à tous les patients hospitalisés, l’auteur de la modélisation retient le chiffre de 10 018 patients sous hydroxychloroquine. Alors qu’en réalité, il n’y a eu que 4 542 patients sous hydroxychloroquine. »

Est-il besoin d’aller plus loin ? Le même manque de rigueur a-t-il sévi pour toutes les études analysées ?

Réactions aux États-Unis également

Aux États-Unis, The Defender, le média de l’association « Children’s Health Defense » fondée par Robert F. Kennedy Jr., a interrogé le cardiologue américain Peter McCullough, qui dénonce le principe même de cette méta-analyse rétrospective. De son point de vue, les 44 études utilisées sont « hétérogènes » et les « cohortes transversales rétrospectives non randomisées créées à partir de données administratives » ne sont pas en capacité pour démontrer quoi que ce soit.

Dans le même article, Harvey Risch, professeur émérite d’épidémiologie à Yale, a rappelé que « la Covid-19 hospitalisée est une maladie totalement différente de celle des patients en ambulatoire » et que ses propres travaux ont montré l’efficacité de l’hydroxychloroquine en traitement ambulatoire précoce « pour prévenir l’hospitalisation et la mortalité ». Ce qu’a toujours préconisé le Pr Raoult.

Pourquoi est-il encore besoin de tuer l’hydroxychloroquine ?

Le débat est donc loin d’être clos autour de cette nouvelle étude à charge contre l’hydroxychloroquine, dont la solidité (comme feue celle du Lancet) est loin de convaincre tout le monde. Mais si jamais son caractère frauduleux ou malhonnête est démontré, les questions qui se posent sont les suivantes : la crise de la Covid étant terminée et les vaccins administrés, pourquoi est-il encore besoin aujourd’hui de tuer l’hydroxychloroquine ? Qui pourrait-elle encore gêner ? Pour quelles raisons ou en prévision de quoi ?

Article par Alexandra Joutel

 

👉 Lire notre article de juin 2020 : « LancetGate : L’étude contre l’hydroxychloroquine qui cumule conflits d’intérêts, falsification de données, rétractations et influence de Gilead »


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