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Pépi’Nonière : un tiers-lieu nourricier qui crée du lien et dynamise la vie locale

Pépi’Nonière : un tiers-lieu nourricier qui crée du lien et dynamise la vie locale

À Peyrat-la-Nonière, dans la Creuse, c’est un tiers-lieu nourricier constitué de neuf hectares et d’une grange qui n’attendent plus que de nouveaux participants pour amplifier les projets associatifs de l’association déjà menés depuis 2021 au service de la résilience alimentaire et du lien social. 

◆ Un lieu nourricier

Le 30 septembre dernier, Pépi’Nonière a ouvert ses portes pour faire visiter le lieu en mouvement depuis 2021. L’occasion de partager les actions en cours, les espoirs qu’il reste à incarner et les envies des nouveaux visiteurs.

Sur les 9 hectares acquis en 2020 par Patrick Mollas, représentant légal de l’association aujourd’hui organisée sous forme collégiale, s’activent à l’heure actuelle une poignée de bénévoles.

Le tiers-lieu accueille des entrepreneurs du monde agricole qui ont besoin de terre pour le développement de leur activité.

L’installation d’un maraîcher professionnel, en plus d’une pépiniériste, d’un apiculteur et d’un maraîcher bénévole déjà présents, est en cours, avec l’espoir que cette nouvelle activité permette de mieux répondre aux besoins locaux de productions, de circuits courts et contribue à une résilience alimentaire de territoire.

Élise Lugeon, facilitatrice de l’association, explique que « l’association Pépi’Nonière s’inscrit dans la dynamique des tiers-lieux nourriciers qui œuvrent localement pour notamment bousculer les systèmes de production ou de consommation alimentaires. Participer à un développement social local à la hauteur des enjeux du XXIe siècle en matière de transition est dans l’ADN du projet. Promouvoir des pratiques, les diffuser, les défendre, les accompagner, les enrichir…, et ce à travers des actions directement les mains dans la terre, ou plus intellectuelles. Les moyens d’action sont larges et dépendent des bonnes volontés souhaitant contribuer à l’essor d’une société plus respectueuse de l’environnement et des humains. »

◆ Un lieu solidaire et pédagogique en pleine élaboration

« Pourquoi pas aussi installer une personne qui cultive les plantes aromatiques et médicinales, favoriser le sylvopastoralisme, l’agroforesterie ? Mais pas que ! Nous sommes ouverts aux propositions de porteurs de projets du monde agricole ou autre qui auraient besoin d’un lieu pour travailler », confie Élise, également membre du conseil d’administration collégial et facilitatrice de l’association. Précisions : « Nous ne comptons pas proposer les 9 hectares pour de la culture, car il faut préserver des zones de biodiversité, mais il reste quand même pas mal d’espace disponible. »

Dans ce sens, un projet a eu lieu l’an passé avec les enfants de l’école de Peyrat qui, grâce à une intervention d’un animateur du CPIE (Centre permanent d’Initiatives pour l’environnement) de la Creuse, ont pu créer une mare et observer la faune et la flore s’y installer progressivement. L’association a également consacré un espace sur ses terres pour l’apport de déchets verts, afin que les villageois puissent venir déposer les matières organiques qu’ils ne peuvent pas traiter chez eux (à cause des arrêtés incendies ou par manque de place pour laisser se décomposer tranquillement branchages et autres herbacées).

◆ Un lieu qui veut rassembler, relier et mutualiser

Autre but de l’association : créer des partenariats avec les acteurs locaux, notamment avec la cantine de l’école et avec la future épicerie du village. Mais aussi transformer la grange en lieu de rencontres, de travail et d’ateliers culturels, artistiques ou pédagogiques. « Pour l’instant, on ne peut accueillir du public que dehors, car la grange n’est pas aux normes. Cela va nécessiter des investissements financiers importants. »

Autre défi : donner envie aux habitants des alentours de s’impliquer.

Une action phare a déjà été menée pour atteindre cet objectif : « Cultures en commun ». Plus précisément, « Patates en commun » pour le moment. Concept : l’association met à disposition une parcelle afin que les adhérents viennent cultiver ensemble leurs propres pommes de terre. La différence avec un jardin partagé ? « Dans un jardin partagé, chacun fait ce qu’il veut dans la partie du jardin qui lui est attribuée. De notre côté, nous encourageons davantage la dimension collective sur nos terres autour de cultures bien précises. Sur la même parcelle, les gens apportent leurs semences, on plante des piquets pour différencier les rangs de chacun, mais on plante et cultive tous ensemble. De plus, l’association met à disposition des compétences et du matériel agricole. »

◆ Un lieu complémentaire à l’existant 

Élise admet « que beaucoup de gens dans la Creuse ont déjà leur jardin potager. Cultures en commun permet de compléter ce qu’on ne fait pas chez soi, parce qu’on n’a pas le temps, l’espace, le matériel, l’énergie, la santé ou l’envie de jardiner ! On a commencé avec les patates. Nous comptons ajouter une autre culture de plein champ l’année prochaine, comme les courges qui peuvent demander beaucoup d’espace si on vise l’autonomie. »

Élise conclut : « Le tiers-lieu est aussi la méthode qui correspond le plus au projet, car on ne se décrète pas tiers-lieu, on le fait. À travers la manière dont chacun est invité à s’impliquer, à travers le faire ensemble et le présupposé que chacun a des richesses à partager, des savoirs à transmettre et que c’est ensemble et uniquement ensemble que peuvent s’expérimenter et se construire d’autres formes de sociétés. Pépi’Nonière est adhérente du réseau TELA, le réseau des tiers-lieux creusois. À ce jour, nous sommes le seul tiers-lieu nourricier de Creuse, mais nous espérons que notre expérience en inspirera d’autres. »

Article par Estelle Brattesani

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