Nexus : Vous préparez cette année un nouvel album de chansons à texte. Qu’allez-vous nous conter ?

Pier d’Andréa : Cet album rassemblera une dizaine de morceaux composés au fil des ans et souvent interprétées en direct. On retrouvera l’esprit du troubadour qui m’est cher, mûri au fil des années entre Pays catalans et Occitanie. Dans un style acoustique, cet album fusionnera humour, poésie et philosophie. Préparons le monde évoque « l’indescriptible pagaille d’archaïques systèmes vacillants », la nécessité d’un nouveau paradigme. Mal au dos aborde le thème des maux psycho-socio-somatiques. L’eau de la sourcenous ramène au cycle de la Vie à travers le cycle d’un élément naturel vital à notre existence. À l’aube du transhumanisme, mon répertoire offre une occasion de méditer sur la nature de notre humanité !

Votre précédent album chanté, Authentic, est un appel à « retrouver le sens et l’essence de notre humanité ». Comment la musique y contribue-t-elle ?

La chanson a un pouvoir extraordinaire de transmission, elle peut voyager rapidement et toucher les cœurs. C’est bien plus qu’un simple divertissement. À travers cet album, je fais appel à l’émergence d’une société plus respectueuse du vivant et aux valeurs humaines. Le remerciement, le partage et l’ouverture d’esprit sont des ingrédients fondamentaux. Les quatre titres, Je te dis merci, Fils de la Terre, J’fais ma vie et Quand on se sent aimé sont la quintessence de mon message à l’intention de tout être humain. Nous sommes inondés d’informations contradictoires, il est urgent de revenir au bon sens et à notre ressenti pour éclairer notre chemin. Notre intelligence émotionnelle est un guide précieux dans cette quête de sens et d’authenticité.

Comment percevez-vous le pouvoir de la musique et comment espérez-vous éveiller les consciences dans ce monde dominé par la compétitivité ?

La musique a toujours joué un rôle essentiel dans nos vies, nous rassemblant, nous permettant de rêver et de partager nos émotions les plus profondes. Je m’intéresse à des sujets qui touchent le cœur même de l’existence humaine et qui donc nous concernent tous.

Je me définis comme un artiste « créatif culturel ».  Je cherche à promouvoir la culture de la co-création et de la coopération plutôt que la compétition, à encourager chacun à trouver sa place, unique, dans la symphonie du vivant. Je crois que la véritable performance réside dans notre capacité à devenir meilleur, à répondre à notre appel intérieur, au-delà des pressions de la société. C’est là que se trouve notre véritable destinée, c’est là que nous sommes véritablement attendus.

Vous sortez un nouvel album instrumental « Reliance », au printemps 2024. Il est dédié au ressourcement intérieur. Pourquoi cette proposition et pour qui ?

Je crois que tout le monde est d’accord, nous avons tous un grand besoin de nous déstresser ! Cet album devrait aider à relâcher les tensions, à sortir du mental et à se recréer une bulle de paix dans un monde en furie. J’ai mis à disposition une playlist en libre écoute sur mon site.

Après avoir exploré l’univers de la musique instrumentale pendant une décennie avec des albums tels que Sentimento, Interior et Vida, j’ai compris l’importance thérapeutique de la musique. « Reliance » est tout particulièrement conçu comme un support de musicothérapie. Cet album s’adresse aux thérapeutes, aux aidants, et à toute personne en quête de réconfort et d’inspiration. Les compositions mettent l’accent sur la ligne mélodique, cette partie de la musique qui parle à l’intelligence du cœur et éveille notre sensibilité.

J’espère créer un espace de partage et de confiance, où la musique peut servir de lien entre amis et en famille, favorisant ainsi la communion et la compréhension mutuelle.

Votre approche artistique est animée par un désir profond de contribuer aux enjeux sociétaux. La chanson est-elle un moteur de transition collective ?

Effectivement, ma démarche artistique est aussi citoyenne. Elle sème des graines de prises de conscience. Des compositions thématiques comme Tri sélectif sur le recyclage, ou Bio-logique sur l’alimentation saine, font partie de ce répertoire éco-citoyen qui véhicule des messages clairs et accessibles à tous.

Ayant travaillé dans le domaine de la publicité par le passé, j’ai rapidement compris l’impact des slogans et des jingles publicitaires sur les populations, en particulier sur les enfants. J’ai décidé de mettre ma passion au service de causes plus essentielles, en utilisant la chanson comme un outil d’information éducative. Je crée des refrains accrocheurs qui restent gravés dans l’esprit, suscitant ainsi la réflexion et une motivation à l’action.

Derrière la positivité, on ressent aussi parfois de la rébellion… Qu’est-ce qui vous révolte le plus et comment transformez-vous cette émotion ?

À travers des chansons telles que Ego-système (1996, album Evolution) ou Rebel, le Mouton Noir écrit pour Ghislaine Lanctôt en 2001, j’ai transmuté la colère et un certain désarroi face à un système qui pervertit nos valeurs et bafoue les lois au nom d’autres intérêts. La chanson est un outil chargé de futur qui a le pouvoir de transmettre des messages contestataires de manière percutante. Toutefois, je préfère utiliser l’humour et la poésie pour une contestation plus subtile, faisant appel à la sensibilité et à l’amour plutôt qu’à la violence. Je crois fermement que la chanson peut influencer nos états émotionnels.

Comment avez-vous vécu la crise sanitaire en tant qu’artiste engagé ?

Comme beaucoup de gens j’ai été touché par ces années qui nous ont révélé à quel point la société peut se déshumaniser. J’ai été sidéré par la diabolisation des personnes non vaccinées. J’ai été choqué par la maltraitance des personnes âgées dans les Ehpad, privées de toute sortie et de toute visite. Avec le soutien de ma famille, nous avons finalement réussi à rapatrier ma mère de 92 ans à la maison (reportage de France-Soir). Cela a nécessité une réorganisation totale de ma vie. Durant cette crise, face à l’urgence humaine, l’artiste n’a pas trouvé un temps pour l’expression.

Vous avez vécu dans plusieurs pays et êtes polyglotte. Quelles sont vos influences ?

Né en Afrique du Nord d’un père italien et ayant grandi en Espagne, j’ai été immergé dans un melting-pot culturel qui a ouvert mon esprit à la biodiversité musicale. Mes premières inspirations viennent du rock symphonique, avec des groupes comme Pink Floyd et Yes, ainsi que de la musique latino-américaine qui imprégnait l’atmosphère espagnole. De mère française, j’ai également été influencé par Brel, Brassens et Ferré, avec leur humanisme profond.

Quelles sont les grandes lignes de votre parcours musical ?

Très tôt, j’ai exploré les arts de rue et l’art vivant, une expérience qui m’a permis de développer une grande facilité d’échange. Le moment clé de ma période espagnole a été la réalisation d’un opéra rock intitulé « Somni d’un Somni », qui décrit une « crise de l’âme ». Écrit en catalan, dans le cadre d’une candidature pour les Jeux olympiques de 1992 à Barcelone, ce projet n’a finalement pas vu le jour mais il a été une expérience formatrice réunissant, pendant quatre ans, 70 personnes des différents métiers de la scène.

Aujourd’hui, je me produis en solo, le message reste inchangé : dans un monde en perte de repères et qui se transforme à toute vitesse, ne perdons pas de vue ce que nous sommes : des êtres humains !

Comment se passent vos performances en live ?

Lors de mes concerts ou animations, mon expérience des arts de rue m’aide à instaurer une communication interactive avec le public. J’évolue en toute légèreté avec un dispositif voix/guitare sans fil. Cette approche simple et abordable permet d’évoquer des sujets profonds et variés, accessibles à tous. On passe souvent du rire à l’émotion. J’essaye d’offrir une expérience complète à mon public. J’apprécie particulièrement la spontanéité des échanges en direct. C’est cette authenticité qui rend chaque performance unique pour moi et pour ceux qui m’écoutent.

Quel message aimeriez-vous transmettre à vos auditeurs en ces temps de bouleversements et de transitions ?

Croire en ses rêves et en son propre chemin ! Malgré les défis posés par un système déshumanisant, maintenir l’espoir et rester fidèle à ce qui nous anime profondément. C’est dans cette fidélité à soi-même que se trouve l’équilibre et le sens de notre parcours. Faire confiance à son intuition, écouter ses ressentis, ne pas oublier d’apprécier les moments de joie et accueillir aussi les moments de tristesse. En somme, rester un authentique être humain.

Site internet de l’artiste : https://pier-dandrea.com/

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– « La musique des plantes » dans notre n° 148 (sept.-oct. 2023) :

– « 432 hertz HTZ, le son qui guérit » dans la santé dans notre n° 123 (juill.-août 2019) :